Mardi 14 mars: La conscience dans tous ses états
Le cerveau peut nous placer dans un état mental différent de l’éveil ordinaire. Quels sont les mécanismes sous-jacents aux expériences mystiques ressenties par certains patients épileptiques et comment la communication entre différentes régions du cerveau se modifie-t-elle dans l’état d’hypnose ?
Intervenant-es : Fabienne Picard (HUG) et Patrik Vuilleumier (UNIGE)
Uni Dufour, rue du Général-Dufour 24
19:00 (durée 1h-1h30)
Épilepsie et expériences extatiques
L’épilepsie est bien connue pour entrainer des ruptures de contact, mais dans certaines formes d’épilepsie, l’aura, c’est-à-dire le début de crise ressenti par le patient et non visible par l’entourage, peut consister en un état de conscience modifié. Dans la forme particulière appelée « épilepsie extatique », les patients ressentent au début de leurs crises une expérience très forte avec une perception augmentée de la conscience de soi, une clarté mentale et une impression d’union avec le monde extérieur, associée à une sensation de bien-être. Cet état est comparable à ce qui est décrit dans les « expériences mystiques ». L’étude de patients avec cette forme d’épilepsie a permis de mettre en évidence une région cérébrale qui semble jouer un rôle important dans la survenue de cet état « mystique » ou « extatique ».
Fabienne Picard
Professeure associée à la Faculté de médecine et médecin adjointe au Service de neurologie des HUGPatrik Vuilleumier
Professeur ordinaire au Département des neurosciences fondamentales (UNIGE)Les mécanismes de l'hypnose
L’hypnose est fréquemment utilisée en pratique clinique pour modifier des perceptions (comme la douleur) ou des souvenirs (par exemple traumatiques), mais si son efficacité est bien démontrée, les mécanismes cérébraux sous-jacents restent mal compris et encore peu étudiés. Plusieurs études en neurosciences montrent toutefois des effets directs des suggestions hypnotiques sur l’activité du cerveau, en particulier au moyen de techniques de neuroimagerie fonctionnelle. Ces études suggèrent que l’hypnose provoque une reconfiguration de la communication entre différentes régions du cerveau et modifient la manière dont l’information sensorielle est analysée ou les actions motrices sont déclenchées. Contrairement à l’idée populaire que l’état d’hypnose représente un état de conscience modifié dans lequel l'individu n'a plus de volonté propre et se comporte comme un automate, les résultats en neuroimagerie suggèrent plutôt que cet état reflète une activation renforcée des régions participant au contrôle de l'attention et de l'inhibition. Cette présentation offrira plusieurs exemples issus de la recherche de notre équipe ou d’autres chercheurs en neurosciences cognitives.